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sahlermm

Le poids des prénoms....

Enfant, on m'appelait Martine, en tout cas, je me souviens de ma mère qui m'appelait Martine, et derrière ce prénom je sentais confusément que je portais un poids. Puis un jour, j'ai découvert, je ne me souviens pas dans le détail, que Marie était mon premier prénom. J'ai donc décidé de me présenter comme m'appelant Marie-Martine. Mais le poids de Martine était toujours présent. Pour moi c'était le devoir, l'obligation, "tiens-toi droite" par exemple, me répétait souvent ma mère quand j'étais petite. "Il fallait", "on tirait le diable par la queue...", la vie de petite fille était pour moi vraiment difficile, mon frère et ma soeur étant plus âgés que moi, je me suis vite et très jeune, sentie seule à porter ce poids que je ne comprenais pas vraiment, et cela bien avant que je découvre l'Histoire de Marthe et Marie dans les Evangiles.

Dans mes profondeurs, la révolte grondait. Je n'en étais pas consciente. Mais j'avançais en silence, un faux silence puisque dès petite et jusqu'à mes 16/17 ans j'ai cumulé maladies sur maladies, physiologique, mais psychologique aussi puisque je me souviens vers 18 ans d'une visite auprès d'un directeur d’hôpital psychiatrique pour internement. Mais, et là je rends grâce à Dieu, cet enfermement n'a pas eu lieu. Néanmoins les années qui suivirent furent des années très obscures faites de violences subies et d'une profonde solitude.

Il y a quelques années, j'ai découvert sur ma fiche d'état civil que non, il n'y avait pas de "-" entre Marie et Martine, mais mon premier prénom est bien Marie

Alors, dans un élan de libération totale, j'ai remis Martine à la seconde place, qui est bien sa place.

Mais ce n'est pas pour autant que je rejette Martine. Marie l'a peu à peu apprivoisée. Elle n'est plus la Marthe/Martine du devoir. Elle porte autre chose, elle s'est ouverte aux valeurs du désir et du plaisir, de la joie de faire et d'être, de la rencontre avec le moment présent dans toute sa densité. Martine s'est enfin apaisée....

Parfois il faut tout une vie pour apprivoiser un prénom. Je dis bien: parfois....




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